Les convictions de Jean-Philippe, François et Emmanuel vont les conduire à réussir le défi de maintenir à Paris une Banque Hottinguer.
En juillet 2006, leurs efforts sont récompensés, lorsque l’Autorité de régulation française agrée la Financière HR en qualité de banque puis autorise celle-ci à se dénommer Banque Jean-Philippe Hottinguer & Cie
En juillet 2012 « Banque Hottinguer ». Le patronyme Hottinguer devient le plus ancien présent dans le secteur bancaire à Paris.
En raison de la rupture familiale, Jean-Philippe, son fils Jean-Conrad et ses cousins François et Emmanuel sont les derniers membres à détenir une maison de banque en France.
Ce souci de poursuivre l’œuvre de leurs ancêtres se manifeste dans leurs actions comme celles récentes où, associés à la famille Gouloumès, ils acceptent de compter parmi les fondateurs de la Fondation du Protestantisme Français.
Après-guerre, Rodolphe occupera des fonctions importantes en tant que Vice-Président de la Chambre de Commerce de Paris et de l’Industrie, Président de la Chambre de Commerce Internationale, président de la Fédération bancaire européenne et, pendant plus de 35 ans, président de l’Association française des banques, maintenant appelée la Fédération Bancaire Française. En 1985, Rodolphe décède.
En 1989, Jean-Philippe - fils de Jean-Conrad -, François et Emmanuel – fils de Pierre -, quittent les affaires familiales pour créer leur propre établissement financier à Paris, la Financière HR, marquant la fin de l’unité familiale autour d’un seul établissement bancaire éponyme.
L’établissement familial historique est cédé au Crédit Suisse en 1994. Les membres de la famille qui ont cédé les activités bancaires parisiennes se concentrent désormais sur leur établissement bancaire, Hottinger Bank, situé en Suisse.
Jean-Philippe, François et Emmanuel décident alors de relever le défi et de donner une suite à une histoire bancaire déjà longue et riche en France.
À la veille de la Première Guerre Mondiale, l’Europe est à la fois la plus grande usine et la banque du monde. Cette position ne cesse d’inquiéter Rodolphe : la France est en effet créancière du monde.
Durant ces années, la famille Hottinguer finance de nombreuses œuvres caritatives protestantes telles que la Maison de Boissy, dédiée à la formation d’institutrices, la Société de secours aux blessés militaires, etc.
La Première Guerre Mondiale redistribuera les cartes. Pour Henri (1868-1943), successeur de Rodolphe en 1920, l’Europe a bien perdu la guerre. Les états riches sont désormais les Etats-Unis et le Japon, pays que connaissent bien les Hottinguer.
Henri devra affronter le Front Populaire. Il fera partie de la délégation de quatre régents qui négocieront avec le ministre des Finances, Raymond Poincaré, le changement de statut de la Banque de France en 1936. La Seconde Guerre Mondiale bouleversera une fois de plus la donne. Henri et ses associés organisent le déménagement de la Banque et placent à l’abri les intérêts de leurs clients en prenant souvent de grands risques.
Au moment où la guerre change de camp, en 1943, Henri meurt. Rodolphe, son fils, prend sa succession. Le reste de la famille est autour de Rodolphe ou se bat – à l’instar de Jean-Conrad, père de Jean-Philippe, Officier de liaison auprès de l’armée américaine, puis du Gouvernement Provisoire français. Il sera décoré, à plusieurs reprises, pour services rendus à la France.
Lorsqu’il succède à son père en 1866, Rodolphe a 34 ans et 54 années de vie active devant lui. Il marquera avec ses frères et cousins cette période de transition qu’a été la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Rodolphe sera l’homme des choix. Très vite, il perçoit « que la banque d’affaires doit se montrer moins intransigeante et plus discrète dans ses prises de position, mais d’un accès plus facile. »
Dans ce sens, elle devra pousser son action puisque « la fortune comme les hommes évolue avec le temps. »
Rodolphe se distinguera dans tous les grands projets de son temps : outre son siège de Régent de la Banque de France qu’il conservera 52 ans – record absolu -, Rodolphe sera Président de la Compagnie Générale des Eaux, de la Banque Impériale Ottomane (aujourd’hui partie de la Grindlays Bank), vice-président des Chemins de Fer Paris-Lyon-Méditerranée et de la Caisse d’Epargne de Paris, et enfin administrateur des compagnies d’Assurance « La Nationale ».
Son frère Jean, cofondateur du Jockey Club, fait partie des pionniers de l’aviation pendant que Joseph, un autre des ses frères parcourt le monde. Son fils Maurice participe quant à lui à la création de l’Automobile Club de France.
Jean-Conrad confie, en 1833, la destinée de la banque à son fils Jean-Henri. La tâche qui attend le deuxième baron Hottinguer est ardue, en raison des troubles politiques que la banque devra affronter. Cependant, il fera sienne cette maxime de Delacroix « Il y a deux choses que l’expérience doit apprendre : la première c’est qu’il faut beaucoup corriger ; la seconde c’est qu’il ne faut pas trop corriger. »
Jean-Henri poursuivra la voie tracée par Jean-Conrad, plaçant la banque Hottinguer au centre du développement industriel français naissant, comme en témoigne la création de la Caisse d’Epargne de Paris en 1818 par Jean-Conrad, associé à la famille Delessert.
En 1832, il épouse Caroline Delessert, la fille du baron François Delessert. Caroline étant la dernière de la lignée de la dynastie financière Delessert, Jean-Henri reprend la banque Delessert en 1848.
Parmi les réalisations essentielles, citons la participation de la famille Hottinguer au financement des chemins de fer en France, en Europe et en Russie, et la création de la société d’adduction d’eau française, la Compagnie Générale des Eaux, connue aujourd’hui sous le nom de Véolia Environnement.
La Banque de France est créée en 1800 et confie, selon les statuts, à vingt gérants la mission de conseiller le Gouverneur. Jean-Conrad est nommé, dès 1803, Régent de la Banque de France. Pendant 133 ans – fait unique – les Hottinguer occuperont un siège sans discontinuité au Conseil de la Gérance.
Le 19 septembre 1810, il est nommé par l’Empereur Napoléon 1er, Baron d’Empire. Il est également nommé Chevalier de la Légion d’honneur puis, en 1814, Colonel de la Garde nationale pour la XIIIe Légion avant d’être élu Député de la Seine en 1815.
Jean-Conrad œuvrera toute sa vie pour consolider ses affaires et leur apporter une signature respectée et honorée. Son caractère, et son expérience, en feront un membre influent du cercle très fermé des banques protestantes que l’histoire a retenu sous le nom de Haute Banque.
Cet homme de rigueur aura été l’un des premiers banquiers à imaginer le rôle central des banques dans une économie de marché encore en balbutiement, pressentant l’industrialisation de l’Europe et la place-clef de la bourgeoisie financière découvrant le capitalisme et l’économie de marché.
Très vite, des banquiers zurichois lui proposent de devenir leur correspondant à Paris. En 1786, Hans-Konrad n’a que vingt-six ans lorsqu’il ouvre son premier établissement « Messieurs Rougemont et Hottinguer ». Quelques mois plus tard, début 1787, la banque est inscrite dans l’Almanach royal, avec des bureaux situés à l’Hôtel de Beaupreaux, rue Croix-des-Petits-Champs.
En 1790, Hans-Konrad crée « Messieurs Hottinguer & Cie, banquiers à Paris », continuation du premier établissement. Les années qui suivirent ne furent pas sans troubles, cependant, Hans-Konrad en sort finalement renforcé.
En 1793, il est dénoncé pour « menées royalistes » et s’enfuit clandestinement à Zurich, d’où il rejoint l’Angleterre où il épouse Martha Eliza Redwood, née à Newport (États-Unis) et fille d’un planteur américain d’origine anglaise.
En 1794, le jeune couple part pour les États-Unis où il fait connaissance d’un groupe d’émigrés français, dont fait partie Talleyrand.
Hans-Konrad revient à Londres en janvier 1796, à Hambourg en mars et en France en septembre 1796. Sous le Premier Empire, le nom de « Hottinger » a été francisé en « Hottinguer » lors de l’attribution du brevet de baron. La Banque Hottinguer est définitivement constituée à cette époque.
Hans-Konrad, Johann-Konrad (1764-1841) ou Jean-Conrad en français, est celui qui a établi définitivement la famille en dynastie financière. Rien ne le prédestinait pourtant au métier de banquier.
Après un stage dans une usine de coton à Mulhouse en 1779, il rejoint, en 1783, son oncle Johan-Heinrich à Genève pour s’y former à la banque Passavant, de Candolle, Bertrand & Cie. Bientôt, il exprime le désir d’aller à Paris pour suivre les traces de Jacques Necker, financier genevois devenu Directeur Général du Trésor Royal de 1776 à 1781.
Il quitte Genève pour la France en 1784 muni d’une lettre d’introduction de ses anciens employeurs. Il trouve un emploi à la banque Le Couteulx & Cie, établissement de très bonne réputation dirigé par celui qui sera le premier gouverneur de la Banque de France, Jean-Barthélemy Le Couteulx de Canteleu.
Le nom «Hottinger» apparaît pour la première fois dans les annales de la ville de Zollikon, près de Zürich, en 1362.
Dès 1495, les registres de la ville de Zürich font mention d’un Hottinger, pasteur.
Aux XVIème et XVIIème siècles, plusieurs membres de la famille choisiront cette vocation dans laquelle ils excellent. Parmi ceux-ci, Klaus Hottinger (1467-1524), disciple de Zwingli, fut le premier martyr du mouvement protestant suisse.
La famille compte aussi une lignée de théologiens comme Johann Heinrich Hottinger (1620-1667) ou d’hommes de science parmi lesquels Hans-Heinrich (1620-1667) mieux connu sous le nom de Johann-Heinrich Hottinger, un célèbre orientaliste, historien et théologien, doyen de l’Université de Heidelberg.
Au XVIIIème siècle, deux branches se distinguent : celle des pasteurs, fidèles à la tradition familiale, et celle des commerçants. C’est cette seconde branche qui apportera à la France une lignée de banquiers qui, pendant plus de deux siècles, œuvreront pour le développement de leur pays d’adoption.
Copyright © 2017 FAMILLE HOTTINGUER. Tous droits reservés.